Mise à jour : 13 septembre 2009. Article de Grégoire Borgoltz.

Système médical et cotisation en Argentine

Santé, cotisation et appauvrissement :


En raison de l'appauvrissement du pays, il y a de moins en moins de personnes qui ont des mutuelles privées de santé. De plus, avec l'inflation celles ci ont terriblement augmenté leurs cotisations. Dans les années 90, 11% des argentins avaient une médecine privée, aujourd'hui seulement 8%.
Le problèmevient du système public qui est, malgré le désir de modernisation du gouvernement, loin de se montrer efficace. Cette modernisation n'ira toutefois pas dans le sens du système privé puisqu’elle passe par une augmentation des salaires du personnel médical qui coupe à son tour les marges des mutuelles privées selon le syndicat des mutuelles privées "ACAMI" (Asociación Civil de Actividades Médicas Integradas). Ces mutuelles sont appelées ici « prepagas » car les argentins s’y abonnent en payant un forfait mensuel qui leur assure une meilleure couverture qu’avec les autres formes d’assurance santé (qui sont les « obras sociales » et le système public).


Maternité d'un l'hopital de La PlataLe système de santé argentin :

 

Le système de santé argentin se compose de trois entités très différentes les unes des autres : las obras sociales, le secteur privé (médecine prépayée) et le système public. Dès lors, on trouve trois types d’hôpitaux. D’abord, des hôpitaux publics gratuits mais dans lesquels les files d’attentes sont interminables, les soins sont souvent de bonnes qualité mais manque de moyens. Ensuite, des hôpitaux conventionnés avec des caisses d’assurance pour les salariés (surtout des salariés du privé mais aussi quelques fonctionnaires), les soins sont de meilleure qualité, et les moyens sont à la hauteur, mais il faut prendre un rendez vous très longtemps avant par manque de personnel. Enfin, des hôpitaux privés pris en charge par des assurances privées, chers et de qualité, mais réservés à une élite de moins en moins nombreuse.

Il n’y a pas en Argentine un système centralisé comme celui de la Sécurité sociale en France pour plusieurs raisons. D’abord l’Argentine a une constitution fédérale et la santé est gérée à la fois au niveau des régions et au niveau de l’Etat central. Ensuite le système de santé a été crée dans le cadre du mouvement ouvrier au cours du XXe siècle. Ceci explique à la fois pourquoi le "système" donne des droits au travailleur et non au citoyen et aussi pourquoi il manque d’homogénéité. En effet, avec vingt quatre provinces, donc autant de systèmes différents, et plus de trois systèmes parmi lesquels on doit choisir, il est très difficile de créer un système efficace qui correspond à la fois à toutes les zones géographiques et à tous les portefeuilles… Depuis les années 90 les différents gouvernements ont essayé de le moderniser mais la tache n'est pas facile...


Hospital Rivadavia de Buenos AiresLes 3 formes de protection sociale :

D’abord, les « obras sociales », ou mutuelles ouvrières, sont la base du système de sécurité sociale professionnelle. L’Etat a depuis 1970 (loi 18610) le droit de gérer ces mutuelles, qui sont financées par un fond de solidarité et une cotisation spécifique). Depuis deux ans et à cause de la crise, les ressources des obras sociales ont été amputées de 20%. Elles couvrent aujourd’hui 52% de la population. Les 48% restants sont donc soit sous la tutelle du système public, soit sous celle du système privé…

Ensuite, les mutuelles privées ne fonctionnent pas comme en France car elles n’agissent pas en complément de ce que rembourse le système public (car on doit « choisir » entre les systèmes d’assurances publiques et privées. Les mutuelles privées agissent au même niveau que les publiques. On en trouve 200 et elles assurent aujourd’hui 8% de la population, dont 80% habitent Buenos Aires ou ses alentours.

Enfin, le système public est gratuit concerne 40% de la population et est très insuffisant. Il est géré et financé par les régions (aidées par l’état fédéral). On note que plus de 8% du PIB argentin est consacré au fonctionnement du système de santé. La pauvreté des habitants (40% de la population vit sous le seuil de pauvreté) reste un problème majeur puisque 33% des patients qui sortent de l’hôpital n'ont pas les moyens de faire exécuter les prescriptions après une consultation. Les medicaments restent à la charge du patient, le gouvernement travaille sur l'idée d'un accès libre aux traitements, encore faut il savoir si c'est aux gouvernements regionaux ou federal de prendre en charge les couts.

Photo : Hopital public Rivadavia sur Avenida Las Heras.


Swiss Medical à Palermo HollywoodLes mutuelles privées, entre crise et modernisation

 

Le service des mutuelles privées et prépayées est plutôt efficace mais reste très cher par rapport aux revenus de la population. En effet, il est en moyenne de 350 pesos par mois et par personne ; le coût pour le ménage moyen est de 800 pesos par mois. C’est la raison pour laquelle seuls 8% de la population peut aujourd’hui s’offrir ce luxe, alors qu’ils étaient 11% au milieu des années 1990. On constate que l’évolution de la part des argentins qui ont une mutuelle privée dépend grandement de la situation économique : une forte baisse pendant les années 2001 et 2002 avec la grande crise, un regain les quelques années suivantes et une nouvelles chute depuis deux ans.

Malgré cela les dirigeants de l‘ACAMI (Asociación Civil de Actividades Médicas Integradas), Marcelo Mastrángelo et Hugo Magonza, ont récemment annoncé qu’ils projetaient d’augmenter de 12% les coûts annuels pour le client. On entre alors dans un bras de fer entre le gouvernement et les dirigeants de l’ACAMI, qui soutiennent qu’ils ne peuvent pas faire autrement en raison des coûts de personnel qui ont augmenté avec les récentes réformes sur les salaires des employés du système de santé (augmentation de 12% en août 2009). Les mutuelles privées ont d’ailleurs décidé d’augmenter leurs tarifs, on atteindra courant septembre 2009 une moyenne de 400 pesos par personne et de 900 par ménage (par mois). La solution des prepagas est alors de proposer une couverture partiellement privée : la mutuelle privée ne prend pas tout en charge quand le public le fait mais complète si la couverture est assurée.

Photo : Swiss Medical sur Avenida J.B. Justo à Palermo Hollywood.


Les prepagas en ArgentineLe panorama des prepagas en 2009 :

Il y a un total de 280 entreprises de prepagas en Argentine couvrant un nombre de 3 millions de personnes ( 8% de la population). Les plus importantes sont OSDE, SWISS MEDICAL, GALENO, MEDICUS et OMINT.
Aujourd’hui le système de santé est donc en pleine mutation car il doit s’adapter aux besoins croissants de la population et à la crise. Le problème vient du fait qu’en accordant des avantages au système public on a tendance à déséquilibrer les comptes des deux autres... Le coût des mutuelles privées ne semble donc pas prêt à baisser et le nombre d’adhérents aura du mal à augmenter.


Medicus à Buenos AiresLiens extérieurs :

- Article du Clarin sur les dificultés à Hospital Clinicas de Buenos Aires. Article du 13 septembre 2009.
- Article du Clarin sur l'augmentation des "prepagas" fin 2008. Article du 05 novembre 2008.
- Excellent Blog sur la santé en Argentine. Blog Salud.
- Site web de l'ADECRA (Association des hopitaux privés d'Argentine).
- Site web Ministère de la santé de la province de Buenos Aires.
- Site web Ministère de la santé de la Nation.
- Site web de la santé de la ville de Buenos Aires.
- Site web de l'ACAMI (Syndicat des mutuelles privées).

Photo : Nouveau siège de Medicus sur Larrea 877 à Buenos Aires.


Augmentation des cotisations des prepagas entre 2000 et 2005 D'autres articles dans le Petit Hergé :

- BNP Paribas quitte l'Argentine (Septembre 2009).
- Le musée Fortabat de Buenos Aires (Aout 2009).
-
L'économie argentine continue sa dégringolade. (Mai 2009).
- Elections législatives argentines. (Mai 2009).
-
La débacle automobile argentine.(Avril 2009).
-
Métissage pendant l'epoque coloniale.(Mai 2009).

-
Buenos Aires en 1750.
-
Décès de Raul Alfonsin.(Avril 2009).
-
Une crise peut en cacher une autre.(Octobre 2008).
-
Chili : Coup d'état du 11 septembre 1973. (Septembre 2008).

Photo : Augmentation des cotisations des prepagas entre 2000 et 2005.

Les prepagas en ArgentineLes prepagas en Argentine
Retour à l'accueil